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Un été noir (extrait)

Ete noir

                                                                                                                                                                  

L'un des patients de Charles, psychiatre bordelais dont la vie amoureuse prend peut-être enfin une heureuse tournure, a décidé d'assassiner le compagnon de son ex-femme, puis de s'enfuir et de se cacher dans un lieu plutôt singulier du Périgord de son enfance. Roman aux prémices classiques, mais où, peu à peu, s'immisce le fantastique (ou la folie)..

***

Le crépitement de l’averse s’infiltra jusque dans son sommeil. La tête emmitouflée, autant pour se protéger d’une légère fraîcheur que d’un monde rebutant, doucement, il s’éveilla, tout pelotonné, et, sans chercher à se dégager, sans même ouvrir ses yeux, écouta cette pluie d’été. Elle s’abattait, violente, dans le silence de la nuit ; mais l’orage et son tonnerre s’en étaient allés rouler ailleurs.

Une moelleuse sérénité l’avait envahi ; trop moelleuse : son corps ne sentait plus vraiment son matelas gonflable. Il bougea son bras, le tendit complètement et, tout d’un coup, ouvrit les yeux en se redressant. Autour de lui, une grande chambre baignée dans une semi obscurité : une faible clarté laiteuse émanait d’une fenêtre entrebâillée, aux fins voilages, et aux volets ouverts. Le lit sur lequel, maintenant, il était assis, large et confortable, agrémenté de deux oreillers, ne comportait qu’un drap qui l’avait recouvert : l’air était tiède et humide ; il était nu. En face, une commode surmontée d’un miroir où se reflétait sa silhouette ; sur les murs, quelques tableaux indistincts dans la pénombre. Dehors, une pluie battante. Pendant plusieurs minutes, perplexe, il se demanda si, de nouveau, il rêvait ; si, dans un rêve, il était possible de réaliser que l’on rêvait ; s’il existait un moyen de discerner un rêve de la réalité.

Son regard chercha une lampe de chevet ; deux reposaient chacune sur une table de nuit, de part et d’autre du lit ; mais, après avoir tâtonné vers l’une d’elle et senti un interrupteur olive, sa main s'immobilisa  : mieux valait rester discret. Plus précautionneusement qu’un chat aux aguets, il se leva et se dirigea sans bruit vers la fenêtre. Elle donnait sur une rue assez étroite, éclairée par de rares lampadaires ; l’eau y ruisselait abondamment débordant des caniveaux trop étroits. En vis-à-vis, un grand jardin planté de quelques vieux pins parasols. Toujours sans allumer, il s’éloigna, remarqua, posés sur un fauteuil, ses vêtements ainsi qu'un peignoir qu’il enfila avant d’ouvrir la porte de la chambre. Derrière, un vestibule obscur : d’un côté, reconnaissable, une porte d’entrée ; de l’autre, à quelques mètres, une vaste pièce faisant office de salon et de cuisine, aux volets, eux aussi, ouverts, mais à la fenêtre close. Une autre porte révéla ce qui devait être une salle de bain, dans laquelle flottaient encore quelques effluves d’un délicat parfum. Une dernière déboucha sur un petit bureau à peine discernable. Il hésitait à allumer. « Peut-être serait-il opportun de fouiller dans des papiers pour savoir où je suis ? s’interrogea-t-il. Mais on risquerait de me prendre pour un voleur. À moins que je ne sois chez moi ! Dans un chez moi que je ne connais pas ! Ou dans un rêve, auquel cas, je ne risque rien ! » Dubitatif, il regagna la chambre et s’étendit sur le lit pour réfléchir. La pluie faiblissait. « Et si je sortais ? » Mais il se résolut à attendre ; peut-être la porteuse du parfum se manifesterait-elle ? « Et si elle ne me connaît pas, moi, allongé à moitié nu sur son lit ? D’un autre côté, si j’y étais, c’est qu’il y a bien une raison… De toute manière, que faire d’autre ? »

Il se cala donc la tête avec un oreiller et ajusta son peignoir. Il était bien. De nouveau, il souhaita que cet instant s’éternisât.

***

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