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Un hiver contrarié (extrait)

Sans titre

Lorsque les vies de Charlène et Christophe, étudiants en Histoire de l’Art à Bordeaux, croisent celle d’Uztaï, un Basque espagnol très engagé, puis, tragiquement, celles de Moussa, jeune Ivoirien sans papier, et enfin de Farid, son ami Tunisien, tout se complique et le monde fait montre, encore, de sa grande injustice.

Dans ce roman dont l’action se déroule principalement dans le Sud-Ouest de la France, mais aussi un peu en Espagne, l’auteur mêle humour, réflexions sur la société, et usage parfois déroutant de la langue française.

***

La rue complètement détrempée par cette pluie fine qui n'arrêtait pas de tomber depuis quelques jours, malgré les tentatives d'annonces rassurantes des météorologues vaguement entendues à la radio chaque matin, avait été désertée par les derniers et tristes travailleurs rentrant vite chez eux la tête encore pleine plus souvent des reproches de leurs chefs que de leurs compliments. Des poubelles sorties à la hâte, déjà renversées par un groupe de post-adolescents exaspérés d'être encore là, mouillés et désœuvrés, sans avoir la moindre fille à interpeller, répandaient assez lamentablement leurs déchets que même les chats errants ne venaient pas renifler. Bref, une soirée d'hiver comme on ne les aime pas, s'esquissait.

Charlène, sous un parapluie d'un jaune ironique, marchait d'un pas décidé et sonore, les pieds déjà passablement humidifiés bien qu'essayant d'éviter les flaques d'eau innombrables et les caniveaux engorgés. Elle sortait juste de chez Christophe, un ami étudiant, lui aussi en Histoire de l'Art, autant dire en une discipline considérée plutôt de nos jours comme peu utile au redressement des déficits budgétaires généralisés et abyssaux des gouvernements de pays qui, du moins encore pour quelques années, se proclament riches. Elle n'avait pas accepté de rester dîner malgré l'argument qui aurait pu être, en une autre saison, dans un autre contexte, plus persuasif : quelque boisson au degré alcoolique inversement proportionnel à la température extérieure et à l'arôme exotique beaucoup plus agréable que celui de la chaussée quasi gluante des ces rues parfois mal éclairées ; puis de sempiternels spaghettis aux gruyère recouverts de ketchup et parsemés de quelques lardons fumés s'il en restait encore un paquet, car le colocataire, absent ce soir, lui aussi adepte de cette gastronomie estudiantine, oubliait souvent que les courses nécessaires à la survie quotidienne ne se cantonnaient pas seulement à l'achat de bouteilles dont la consommation n'était pas, bien sûr, modérée ! Non ; il lui fallait rentrer afin de mettre au point les derniers cours notés avec assiduité sur les peintres du Quattrocento. Elle resterait, malgré tout, dans le domaine italien !

Christophe avait attiré son attention. Lors du premier cours de cette année, nouveau venu, transfuge d'une autre académie plus nordique, il s'était, avec une certaine précipitation que rien ne justifiait au regard du nombre de places libres, assis à côté d'elle et avait aussitôt comparé son visage à celui de la Vénus de Botticelli. Elle avait ri et rougi. Il lui avait ensuite demandé si elle pouvait l'aider un peu à s'y retrouver dans ce nouvel environnement.

« Pas de problème. Mais où étais-tu l'an dernier ? le questionna-t-elle tout en remarquant la couleur sombre, presque noire, de ses yeux.

─   Paris I. Oui, je sais, ça peut paraître bizarre que je sois parti de là, mais au bout de trois ans, j'avais vraiment envie de changer d'air ; pour des tas de raisons.

─   Et pourquoi ici ?

─   C'est déjà le sud ! Et puis je connaissais un peu avec mes parents : l'océan surtout, le Périgord pas loin pour aller visiter quelques châteaux et quelques grottes ; sans compter mon père qui apprécie le vin ! Donc, j'ai décidé de poursuivre mes études ici, dans un cadre totalement différent, même si c'est la province et si, honnêtement, il est certainement moins facile d'y envisager, par la suite, l'avenir ! Je verrai le moment venu.

─   Tu raisonnes encore comme un Parisien ! »  

Le cours avait commencé. Du coin de l'œil, parfois, elle regardait ce visage légèrement hâlé, à la peau si lisse, assurément douce malgré un soupçon de barbe.

***

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